Face aux souffrances de l’âme, cette discipline permet d’obtenir des résultats souvent rapides. Explications
Du grec maieuthikê, art d’accoucher, et aisthesis, ressenti, la maïeusthésie a été mise au point en 1979 par le psycho-praticien Thierry Tournebise pour aider les individus en souffrance. Depuis quelques années, elle se développe en France où plusieurs dizaines de thérapeutes certifiés la pratiquent, et au niveau international (Suisse, Belgique, Monaco…).
« Tout symptôme est signifiant. C’est un signal d’appel d’une part de nous-même enfouie au fond de notre inconscient, dans le silence et la douleur. L’approche maïeusthésique consiste à écouter ce trouble, véritable lanceur d’alerte, et permettre à cette part de sortir de l’ombre », résume notre expert. Telle une sage-femme, le praticien aide, avec bienveillance et douceur, à accueillir et à reconnaître l’existence de cette part de soi. « Ainsi, la personne qui consulte se retrouve « au complet ». le symptôme, manifestation de la souffrance n’a alors plus lieu d’être : il disparaît. »
À qui s’adresse cette thérapie ?
Aux personnes qui, à l’occasion d’une situation douloureuse (accident, décès d’un proche, divorce, licenciement, ou simplement paroles malveillantes…), ont inconsciemment mis de côté une partie d’elles-mêmes, afin de se protéger.
« Il se peut que cet état génère des modes de compensation, pour remplir le vide ressenti : boulimie, anorexie, alcool, sexe, troubles obsessionnels compulsifs (TOC), etc., souligne Marion Delisse. Cela peut aussi se manifester par de la tristesse, une phobie, de la procrastination, une difficulté à prendre des décisions, de la colère… Et tout cela fait mal. La part de soi ignorée a tellement besoin d’être reconnue. Pour signifier ce besoin, le symptôme joue un rôle de messager. »
Comment ça marche ?
« D’abord, le thérapeute écoute le ressenti de l’individu en souffrance, décrit la spécialiste. Celui-ci évoque ses maux, explique depuis quand il les ressent. De fil en aiguille, il parvient à « localiser » la pièce du puzzle qui attend de trouver sa place. Ce qui était enfoui est soudain entendu et accueilli, non rejeté et/ou éliminé. » Ainsi la personne se retrouve enfin « au complet ».
Pour autant, il n’est pas question de régresser pour revivre l’événement traumatisant ou la situation génératrice de mal-être, met en garde Marion Delisse. Cela irait totalement à l’encontre du processus. Il s’agit donc de laisser émerger et de rencontrer celle ou celui à ce moment-là de notre histoire. » On accède à une forme de regard « intérieur extérieur ». Seule la personne qui consulte peut aller vers telle ou telle part d’elle-même, le praticien ne la dirige pas, il la guide. Il accompagne avec tact et délicatesse, et accueille celui qui vient au monde sans le forcer, ni le limiter, sans aucun jugement », précise la thérapeute.
Cette thérapie peut avoir deux effets différents : réhabiliter les paries de soi mises à l’écart, ou faire émerger celui ou celle que l’on va pouvoir devenir. Dans ce cas, le sujet touche du doigt ses futures réussites et ses capacités de réalisation. « Les angoissent s’apaisent, une énergie nouvelle apparaît », se réjouit la thérapeute. La maïeusthésie repose fortement sur la communication, l’ouverture et une écoute particulièrement attentive et bienveillante. Le praticien donne la priorité à l’individu plutôt qu’à son histoire, sans pour autant chercher à se mettre à sa place. Tout un art !
Combien de temps ça dure ?
Une séance peut durer d’1 à… 6 heures (1h30 en moyenne).
La maïeusthésie est une thérapie brève. « Parfois, en une séance, l’individu est soulagé. Généralement, 5 à 6 sont nécessaires pour que l’être resté en friche se révèle et soit réhabilité », précise Marion Delisse.
Ça coûte combien ?
Il faut compter entre 50 et 110 euros la consultation, en fonction de l’expérience du thérapeute et de son lieu de pratique. Ces séances peuvent se dérouer de visu, par téléphone et/ via Internet. Elles ne sont pas remboursées par la Sécurité sociale ni par les mutuelles de santé.
Florence Heimburger
Pour en savoir plus
Site de Thierry Tournebise : http://www.maieusthésie.com
Témoignage :
« Cela m’a libérée et a renforcé l’estime de moi-même », Noémie, 48 ans, Paris (75)
Médiatrice, j’accompagne les autres en leur posant des questions, cultivant ainsi la maïeuthique, l’art d’accoucher de soi, technique propre à Socrate. Cela a suscité en moi de l’intérêt pour la maïeusthésie. J’ai pensé que cette approche pourrait m’aider à mieux me connaître pour mieux écouter les autres dans mon travail et à panser mes blessures internes. À l’âge de 16 ans, alors que je venais de me disputer avec mon père et que j’étais partie en claquant la porte, celui-ci est mort ce matin-là sans que j’ai pu m’excuser. Guidée par un thérapeute certifié en maïeusthésie, j’ai pu, par un jeu de questionnements, faire parler cette partie de moi en souffrance, qui ternissait certaines de mes relations, sans que j’en aie conscience. Cet échange avec mon père, via un dialogue imaginaire, m’a permis de m’excuser. J’ai pu l’entendre me dire qu’il savait que je l’aimais et que je regrettais notre dispute. Retrouvant ainsi toute sa place, cette part de moi laissée en suspens s’est sentie écoutée, rassurée et réhabilitée. Cela m’a libérée intérieurement et a renforcé l’estime de moi-même. Aujourd’hui, je recommande cette technique à ceux qui présentent des signes de souffrance récurrents ou que je sens « empêchés » d’agir, d’être heureux, d’être eux-mêmes… Je la conseillerais aussi à tous ceux qui se jugent sévèrement, qui ont besoin d’auto-empathie ou qui sont dans un altruisme excessif. Afin qu’ils se sentent mieux, qu’ils puissent réparer un fragment du passé qu’ils « trimballent en bandoulière », pour qu’ils s’acceptent mieux dans toute leur altérité et avec bienveillance. Et pour qu’ils développent une confiance en eux qui leur permette d’agir, de s’exprimer, de reconnaître le positif en eux. Cela les aidera à répondre aux situations de la vie plutôt de les subir… »
